Tiphaine de Lyon

"Je m'appelle Tiphaine et je suis la maman active de deux petites filles de 2 ans et demi et 5 mois.
Je suis tombée dans le bain des "mamans nature" un peu par hasard à l'occasion de la naissance de ma seconde fille. Jusque là, je pensais que ce monde était l'apanage de mères au foyer en environnement rural un peu illuminées. Moi j'étais plutôt dans le stéréotype maman active à 200%, vivant en environnement urbain, hautement technologique, débordée et stressée. 

Mon déclic nature, je l'ai eu a cause d'un porte-bébé. Celui que j'avais gardé de ma première grossesse était si inconfortable (pourtant de marque renommée) que je suis parti à la recherche d'un autre moyen pour emmener mes filles chez la nounou. J'ai éliminé immédiatement l'option poussette de course (un reste de ma première grossesse également) étant donné que ma nounou habitait en étage sans ascenseur et que mon quartier est un chantier permanent. A l'époque, porter en écharpe me paraissait terriblement complexe alors j'ai exploré la piste des porte-bébé  physiologiques...

Pour en essayer un, je me suis rendue dans une petite boutique de maternage remplies de bricoles bariolées. Le temps de tester ce fameux porte-bébé avec ma toute petite puce (qui s'était immédiatement endormie dedans), j'ai flâné dans les rayons... Et découvert des jouets en bois, d'adorables tenues en coton bio, un ensemble de produits d'hygiène et d'entretien aux noms aussi bizarres que fiel de bœuf, pierre d'alun, savon d'alep.
Je suis arrivée au rayon des couches lavables et puis là, j'ai commencé à me poser des questions... Elles étaient jolies, douces, colorées... Je connaissait l'argument santé. J'avais des doutes sur l'argument écologie/économie. Mais j'ignorai complètement l'argument mode!
Ce porte-bébé était d'un confort incroyable et je suis repartie avec... Et puis une semaine plus tard, après m'être documentée, je revenais acheter ma première couche lavable... Depuis de l'eau à passé sous les ponts et je suis devenue une fashion victime et une véritable pro de la couche culotte durable! Une fois le rythme trouvé, j'ai été complètement convaincue. En terme de boulot, ça me demande bien une machine supplémentaire tous les 3 jours et 10-15mn pour les préparer une fois sèches, mais a coté de l'impact santé/écologie, c'est vraiment négligeable. Plus jamais de rupture de stock. Et puis même ma nounou les apprécie maintenant.

Seulement, en m'intéressant aux couches, je suis entrée dans la galaxie des mamans natures et j'ai découvert des tonnes de pratiques naturelles... J'ai adhéré a certaines et pas a d'autres.

La première fois que j'ai entendue parler de la coupe menstruelle, j'ai fait la grimace... Et puis, en me souvenant comme j'étais parfois incommodée par les tampons, je me suis dit "pourquoi pas essayer". J'en ai commandé une et j'ai attendu mon retour de couches pour l'essayer... Au bout de 2 cycles j'étais convaincue. Son seul défaut pour moi, c'est qu'elle est tellement confortable que j'ai tendance à trop l'oublier...

Petit à petit j'ai remplacé mes couteux produits d'hygiène et d'entretien par des alternatives écolo/econo et j'ai eu très peu de déceptions là aussi. Savon d'Alep pour la douche, pierre d'alun comme déodorant, biowashball pour réduire la quantité de lessive, vinaigre blanc pour l'entretien,... Des solutions toutes douces, économiques sur le moyen et long terme et respectueuses de l'environnement. 
Coté alimentation, nous avons adhéré à une Amap et j'ai le plaisir d'avoir toutes les semaines mon panier de légumes divers et variés à prix très raisonnable. J'ai ressorti mon babycook pour préparer quand j'en ai le temps des petits pots pour ma fille.

Fortement convaincue par le confort de mon porte-bébé j'ai voulu essayer le portage en écharpe et j'ai eu une nouvelle révélation. J'adore porter mes filles. Finalement les nœuds n'ont rien de tellement compliqué et cela crée un lien très fort entre nous.
J'ai revendu ma poussette de compétition, mon porte-bébé sport et une bonne partie du matériel de puériculture hautement technologique que j'avais acheté pour ma première fille en suivant les conseils des spécialistes (marchands) en puériculture.

Et puis je me suis intéressé aux auteurs d'ouvrages prônant une éducation plus respectueuse de l'enfant. Je n'était pas satisfaite de mes rapports avec ma fille ainée. En reprenant le travail après mon congé maternité, j'ai traversé une période fatigante, faites de cris et d'affrontements. A la lecture de certains des ouvrages "basiques", j'ai compris que les heurts de mon enfance entravait ma communication avec ma fille. Depuis j'essaye de m'investir différemment dans notre relation, de dépasser mes propres affects pour écouter les siens. C'est encore très difficile et les comportements réflexes dictés par ma propre éducation sont profondément ancrés, mais je vois déjà des améliorations. Je ré-apprends à rire et à jouer avec mes filles. Je découvre l'importance de mon rôle de maman...

Je ne suis peut-être pas une "vraie" maman nature pour certaines... Je ne suis pas partisane du cosleeping pour mes filles. Je ne suis pas arrivé à allaiter mes filles (même si j'admire et j'envie les mamans allaitantes). J'ai un mode de vie urbain qui n'est pas toujours très écolo. Je suis souvent débordée et cela ne me dérange pas d'utiliser occasionnellement des couches jetables, des petits pots du commerce, des produits "chimiques". 
J'ai juste choisi de faire ce qui me parait le plus raisonnable par rapport à ma démarche écologique personnelle (qui vaut ce qu'elle vaut) sans entraver mes besoins de confort. J'ai simplement pris conscience de l'importance de chacun de nos gestes quotidiens... Je reconnais que cette démarche avait un cout en terme d'investissement personnel de départ mais je crois qu'une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage, on ne peut plus ignorer la nécessité d'apporter un changement a court terme à nos habitudes consuméristes."

Tiphaine, 31 ans, maman active de Louna (2,5 ans) et Noémie (5mois), Lyon